Numéro |
Thérapie
Volume 59, Numéro 5, Septembre-Octobre 2004
Huitième Séminaire Annuel en Pharmacologie Expérimentale et Clinique, 27-29 novembre 2003
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Page(s) | 547 - 553 | |
Section | Toxicologie/Toxicology | |
DOI | https://doi.org/10.2515/therapie:2004093 | |
Publié en ligne | 1 mars 2007 |
10 ans de détournement d'usage du Néocodion® entre 1992 et 2002
Neocodion® Misuse: Evolution between 1992 and 2002
1
Centre d'Evaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance de Nancy (Alsace-Lorraine, Bourgogne, Franche-Comté, Champagne-Ardennes), Hôpital Central, Nancy, France
2
Centre d'Evaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance de Marseille (PACA-Corse, centre associé), Laboratoire de Santé Publique, Faculté de Médecine, Marseille, France
3
Centre d'Evaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance de Toulouse Midi-Pyrénées-Limousin, Faculté de Médecine, Toulouse, France
Reçu :
29
Juillet
2003
Accepté :
9
Février
2004
Le Néocodion® (camphosulfonate de codéine) est connu pour être détourné à des fins de substitution "sauvage" par les usagers d'héroïne. Cependant, depuis l'arrivée des traitements de substitution et notamment de la buprénorphine haut dosage en France (Subutex®) [1996], l'usage de ce médicament semble s'être modifié. Dans ce travail nous avons étudié l'évolution de l'usage du Néododion® entre 1992 et 2002. Des enquêtes officinales régulières (1992, 1997 et 2002) ont été menées auprès de réseaux de pharmaciens et les données concernant le Néocodion® ont été extraites du programme OPPIDUM (Observation des Produits Psychotropes Illicites ou Détournés de leur Utilisation Médicamenteuse). Les résultats obtenus montrent une diminution de la consommation du Néocodion®. Il représentait 8 % des produits consommés par les sujets interrogés en 1992 contre 0,4 % en 2002. Parallèlement, le nombre de demandes par pharmacie et par semaine diminue nettement : 9,9 en 1992 contre 2,1 en 2002. Le profil des consommateurs et les modalités de consommation de ce produit ont également changé. En 10 ans, l'âge moyen est passé de 30,4 ans à 33,7 ans et une amélioration des conditions socio-économiques des usagers a été constatée. L'usage du Néocodion® s'inscrit maintenant dans un cadre de polyconsommation (64,5 % en 1992 contre 86,2 % en 2002) dans un but de recherche de sensations plutôt que de substitution. Malgré la diminution de la consommation du Néocodion®, les modifications de l'usage de ce produit justifient le maintien de sa surveillance.
Abstract
Neocodion®, a codeine antitussive preparation (codeine camphosulfonate + Grindelia + sulfogaiacol) is known to be misused by opiate addicts. This study aimed to examine the evolution in Neocodion® use between 1992 and 2002. Since 1992, three surveys (1992, 1997 and 2002) investigating Neocodion® misuse were performed via several community networks of pharmacists. During the same time, data on Neocodion® use were extracted from the French drug-dependence monitoring programme (OPPIDUM [Observation des Produits Psychotropes Illicites ou Détournés de leur Utilisation Médicamenteuse]). A marked and continuous decrease in Neocodion® consumption was observed. The number of requests for Neocodion® per pharmacy and per week largely decreased from 9.9 to 2.1 between 1992 and 2002. OPPIDUM data also showed a reduction in the rate of Neocodion® consumption (from 8% in 1992 to 0.4% in 2002). Patients were older (30.4 years in 1992 and 33.7 years in 2002) and their socioeconomic conditions were better. Eighty-six percent of the subjects studied were poly-drug consumers. In fact, Neocodion® was less sought after for opiate maintenance than for its psychoactive effects. Despite the reduction in the consumption of Neocodion®, the changes observed in the consumption patterns for this medication suggest that vigilance is still required.
Mots clés : Néocodion® / usagers de drogue / abus / réseaux de pharmacies / enquête épidémiologique
Key words: Neocodion® : drug users / drug abuse / pharmacies network / epidemiological survey
© Société Française de Pharmacologie, 2004