Numéro |
Thérapie
Volume 58, Numéro 4, Juillet-Août 2003
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Page(s) | 371 - 374 | |
Section | Pharmacovigilance/Pharmacovigilance | |
DOI | https://doi.org/10.2515/therapie:2003057 | |
Publié en ligne | 1 mars 2007 |
Acamprosate (Aotal®) : les effets indésirables peuvent-ils entraver le traitement du sevrage alcoolique ?
Acamprosate (Aotal®): Could Adverse Effects Upset the Treatment of Alcohol Dependence?
1
Service de Pharmacologie Clinique, Centre Midi-Pyrénées de Pharmacovigilance, de Pharmacoépidémiologie et d'Informations sur le Médicament, Centre Hospitalier Universitaire, Faculté de Médecine, Toulouse, France
2
Service d'Alcoologie, Hôpitaux de Lannemezan, Lannemezan, France
3
Service Pharmacie, Hôpitaux de Lannemezan, Lannemezan, France
Reçu :
10
Décembre
2002
Accepté :
20
Mars
2003
L'acamprosate, stimulant GABAergique et antagoniste des acides aminés excitateurs centraux, est indiqué dans le maintien de l'abstinence chez le patient alcoolo-dépendant, en association à une prise en charge psychologique. L'observation de fréquentes interruptions du traitement par acamprosate pour effets indésirables (EI) a motivé ce travail d'évaluation qualitative et quantitative des EI de ce médicament. Jusqu'en juillet 2002, 472 patients ont suivi une cure de sevrage alcoolique au Centre d'Alcoologie de l'Hôpital de Lannemezan. Soixante-huit pour cent d'entre eux ont reçu de l'acamprosate. L'analyse rétrospective des informations médicales du dossier d'hospitalisation a permis d'identifier 98 patients (30 %) présentant un ou plusieurs EI. L'âge moyen est de 41,5 ± 0,8 ans (extrêmes : 24–65) avec une prédominance masculine (70 %). Tous les EI ont été jugés comme "non graves". Cependant, ils ont nécessité une diminution de posologie dans 61 cas ou un arrêt du traitement chez 76 patients, soit respectivement 62,2 % et 77,5 % des patients ayant manifesté un EI. Nous avons relevé essentiellement des diarrhées chez 67 des 322 patients (délai moyen de survenue de 7,6 jours), soit 20,8 % des patients traités (68,3 % des EI), avec une réintroduction positive dans cinq cas. Par ailleurs, nous avons recensé des manifestations prurigineuses chez 29 patients traités (9 %) [correspondant à 29,5 % des EI] avec un délai moyen d'apparition de 9 jours. La survenue d'EI cutanés a motivé l'arrêt du traitement chez 22 patients (75,9 %) avec une diminution posologique préalable chez 18 d'entre eux (62,1 %). En conclusion, ce travail montre la nécessité d'adaptation posologique ou d'arrêt de l'acamprosate pour EI dans respectivement 18,9 % et 23,6 % des cas. Il suggère, parmi les causes d'échec de sevrage alcoolique, le rôle joué par les EI de ce médicament.
Abstract
Acamprosate, a stimulant of central inhibitory GABA neurotransmision and an antagonist of excitatory amino acids, is used in alcohol withdrawal and for the maintenance of abstinence. After identification of several cases of treatment discontinuation during alcohol abstinence because of acamprosate-induced adverse drug reactions (ADRs), a retrospective study was conducted in order to investigate and quantify acamprosate-induced ADRs. Up to July 2002, 472 patients were included for treatment of alcohol withdrawal: of these, 68% (n = 322) received acamprosate. At least one ADR occurred in 98 patients (30%). The mean age of the patients was 41.5 ± 0.8 years (range: 24–65) and 70% were male. All ADRs were classified as "non serious". However, ADRs required a dose decrease in 61 cases or acamprosate discontinuation in 76 cases (62.2% and 77,5%, respectively, of patients with an ADR). We identified mainly gastrointestinal ADRs in 67 patients (mean delay before occurrence: 7.6 days), i.e. 20.8% of patients treated with acamprosate (corresponding to 68.3% of ADRs), with a positive rechallenge in five cases. Moreover, cutaneous ADRs (pruritus) occurred in 29 patients (mean delay before occurrence: 9.0 days), and required acamprosate withdrawal in 22 patients (75.9%) with a prior dose decrease in 18 of these patients (62.1%). Our results show that a dose decrease or withdrawal of acamprosate was necessary in 18.9% and 23.6%, respectively, of patients because of the occurrence of ADRs. The present study shows the important role of acamprosate-induced ADRs among the various causes for failure of alcohol abstinence.
Mots clés : acamprosate / pharmacovigilance / effet indésirable / abstinence alcoolique
Key words: acamprosate / pharmacovigilance / adverse drug reactions / alcohol abstinence
© Société Française de Pharmacologie, 2003