Numéro |
Thérapie
Volume 58, Numéro 6, Novembre-Décembre 2003
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Page(s) | 513 - 517 | |
Section | Études de prescription/Prescription studies | |
DOI | https://doi.org/10.2515/therapie:2003083 | |
Publié en ligne | 1 mars 2007 |
Pression de prescription : étude pilote en médecine générale
A Pilot Study in General Practice: Pressure to Prescribe
1
Service de Médecine Interne du CHU de Toulouse, Hôpital Purpan et Département Universitaire de Médecine Générale des Facultés de Médecine de Toulouse, Toulouse, France
2
Médecins généralistes, France
3
Service d'Epidémiologie du CHU de Toulouse, Hôtel-Dieu Saint-Jacques, Toulouse, France
4
Service de Pharmacologie Clinique du CHU de Toulouse, Centre Midi-Pyrénées de Pharmacovigilance, de Pharmacoépidémiologie et d'Informations sur le Médicament, Faculté de Médecine, Toulouse, France
Reçu :
17
Juin
2003
Accepté :
7
Octobre
2003
Parmi les facteurs irrationnels intervenant pour modifier la prescription médicale, la notion de "pression de prescription" s'avère importante bien que peu étudiée. Dans ce travail, nous avons voulu quantifier l'importance de cette "pression de prescription" et rechercher un certain nombre de facteurs favorisants. Durant 599 consultations de médecine générale, nous avons relevé systématiquement une "pression de prescription" définie comme toute demande explicitement formulée par le patient, venant interférer avec la stratégie diagnostique et/ou thérapeutique décidée par le médecin. Nous avons recueilli les informations concernant 246 hommes et 353 femmes (âge moyen 45,4 ans). Cent quarante-deux patients sur 599 ont exercé une "pression de prescription", soit 23,7 % (intervalle de confiance [IC] 95 % : 20,7–27,4 %). Si on considère les patients uniquement âgés de 18 ans, cette valeur augmente : elle concerne 122 patients sur 452 (27,0 % [IC 95 % : 23,0–31,4 %]). La "pression de prescription" concerne en premier lieu les médicaments (17,3 %), puis les actes de biologie (2,5 %), les arrêts de travail (2,0 %), les demandes d'imagerie (1,1 %), les demandes de certificat médical (1,0 %), les actes de kinésithérapie (0,8 %), les consultations spécialisées (0,6 %). Les médicaments faisant le plus souvent l'objet d'une "pression de prescription" sont représentés par les antalgiques (27,6 %), les anti-inflammatoires (non stéroïdiens et stéroïdiens) [17,1 %], les médicaments de la sphère gastroentérologique (16,2 %), les anti-infectieux (14,3 %), les vitamines et "antiasthéniques" (11,4 %), les antiseptiques (10,5 %), les médicaments de la sphère ORL (9,5 %), les médicaments "vasodilatateurs" et "veinotoniques" (8,6 %). Les pressions concernant les médicaments neuropsychiatriques ne concernent que 7,5 % des demandes de médicaments. Les facteurs favorisants de cette "pression de prescription" correspondent à l'âge (plus la population est âgée, plus la "pression de prescription" s'élève) et, dans une moindre mesure, au genre féminin (les femmes ont tendance à exercer plus de "pression de prescription" que les hommes). La notion de "pression de prescription" représente un axe futur de travail en Pharmacologie Sociale.
Abstract
Among the irrational factors involved in medical prescribing, few studies have investigated the problem of the "pressure to prescribe". The aim of the present work was to quantify this "pressure to prescribe" and to investigate some potential predisposing factors. Each instance of a patient's behaviour suggesting "pressure to prescribe" was registered for 599 outpatient general-practice clinics. "Pressure to prescribe" was defined as each clear request by a patient that counteracted the diagnostic and/or therapeutic strategy of physicians. The study included 246 men and 356 women (mean age: 45.4 years). "Pressure to prescribe" was found in 142 patients, i.e. 23.7% (95% confidence interval [CI]: 20.7–27.4%). Among patients aged >18 years, the percentage ncreased: 27.0% (CI 95%: 23.0–31.4%), i.e. 122 of 452 patients. "Pressure to prescribe" was first observed with requests for drugs (17.3%), biological tests (2.5%), sick-leave from work (2.09%), radiological procedures (1.1%), medical certificates (1.0%), physiotherapy (0.8%), and referral to a medical specialist (0.3%). The drugs most often associated with "pressure to prescribe" were analgesic (27.6%), nonsteroidal plus steroidal anti-inflammatory (17.1%), gastroenterological (16.2%), anti-infectious (14.3%) drugs followed by vitamins plus antiasthenic (11.4%), antiseptic (10.5%), nasal decongestant (9.5%), "vasodilatory" plus "veinotonic" (8.6%) drugs. Pressure to prescribe neuropsychiatric drugs involved only 7.5% of requests. Two predisposing factors were identified: age (with an increased "pressure to prescribe" for older people) and, less importantly, female gender (women tended to exert more "pressure to prescribe" than men). Analysis of "pressure to prescribe" is an important topic in the area of Social Pharmacology.
Mots clés : pression de prescription / médecine générale / médicaments / antalgiques / anti-inflammatoires / antiinfectieux / Pharmacologie Sociale
Key words: pressure to prescribe / general practitioners / drugs / analgesics / anti-inflammatory drugs / anti-infectious drugs / Social Pharmacology
© Société Française de Pharmacologie, 2003