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Therapie
Volume 66, Numéro 5, Septembre-Octobre 2011
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Page(s) | 397 - 404 | |
Section | Pharmacologie / Pharmacology | |
DOI | https://doi.org/10.2515/therapie/2011063 | |
Publié en ligne | 27 octobre 2011 |
Pharmacologie
Approches pharmacologiques en immuno-rhumatologie
Pharmacological Approaches in Immuno-rhumatology
Centre Hospitalier Universitaire, Montpellier, France
Correspondance et offprints : Sylvie Fabre, Unité
Clinique Thérapeutique des Maladies Ostéo-articulaires, CHU Lapeyronie, 34000 Montpellier,
France. E-mail : s-fabre@chu-montpellier.fr
Reçu :
8
Mars
2011
Accepté :
13
Juillet
2011
Au cours des quinze dernières années, les biothérapies ont bouleversé la prise en charge des rhumatismes inflammatoires. Celles-ci permettent aujourd’hui de contrôler l’activité de la maladie mais aussi d’arrêter les destructions articulaires. La définition générale d’une biothérapie est un traitement mimant ou ciblant des agents physiologiquement présents dans l’organisme. Ces traitements sont souvent plus efficaces, mais ils sont aussi plus coûteux et présentent des effets secondaires parfois sévères. Aujourd’hui une dizaine de biothérapies dont les anti-tumor necrosis factor alpha (anti-TNFalpha) sont disponibles dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) et de nombreuses sont en cours de développement. Plus récemment, de nouvelles thérapeutiques utilisant des petites molécules à action très ciblée ont montré leur efficacité dans la PR. Elles permettent, par exemple, le blocage de voies pathogènes intracellulaires intracytoplasmiques ou intranucléaires impliquées dans l’inflammation chronique. Il est important d’optimiser l’utilisation de ces traitements afin d’en améliorer le rapport bénéfice/risque. La pharmacologie, en particulier l’étude de biomarqueurs (BM), est un outil prometteur en cours de développement dans ce domaine.
Nous aborderons des exemples illustrant l’optimisation des biothérapies grâce à l’utilisation de BM. Ces derniers sont des marqueurs biologiques pouvant inclure des tests diagnostiques sanguins, d’imagerie ou toute autre mesure de l’état de santé d’un patient.
De nombreuses études ont étudié leur intérêt au cours des traitements par biothérapie dans la PR :
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1.
Tout d’abord, ils pourraient permettre d’optimiser le traitementen adaptant les doses et la fréquence d’administration. Parexemple, le dosage des taux sériques des anti-TNFalpha(infliximab, etanercept et adalimumab) serait lié à la réponse autraitement ainsi que le taux d’anticorps antimolécule développépar le patient après plusieurs injections.
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2.
Les BM pourraient aussi aider le clinicien à prédire pour chaque patient la réponse aux biothérapies. Par exemple, nous avons identifié un profil cytokinique chez des patients atteints de PR et traités, soit par etanercept (un anti-TNFalpha), soit par rituximab (un antiCD20 dirigé contre les lymphocytes B), permettant de prédire la réponse au traitement.
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3.
Les BM pourraient également permettre de prédire les effets secondaires des biothérapies pour chaque patient, afin de choisir d’emblée un traitement bien toléré. L’étude du polymorphisme de nucléotides au niveau des gènes de la voie de l’interleukine 6 (IL6), des toll like récepteurs (TLR) ou de l’INFgamma, suggérerait une susceptibilité de certains patients aux infections bactériennes ou fongiques.
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4.
Enfin, lorsque la maladie est totalement contrôlée par le traitement (c’est-à-dire que le patient est en rémission complète), le traitement par biothérapie peut parfois être interrompu avec un maintien de rémission prolongé. Le suivi des patients en rémission et la prédiction de la rechute après arrêt du traitement peuvent être guidés par le dosage de BM, comme le montre une étude récente de patients atteints de PR, en rémission après un traitement par tocilizumab (anti récepteur de l’IL6). Environ 50 % des patients rechutent à 6 mois. Le dosage du taux de l’IL6 sérique permettrait de prédire cette rechute clinique.
Abstract
Biologics have proven to be an effective treatment option for adults with rheumatoid arthritis but their use in clinical practice may be limited by concerns over severe side effects and cost. Pharmacology and development of biomarkers could help to optimize the use of biologics in clinical practice.
Biomarkers are surrogate markers and include all diagnostic tests, imaging and technologies and any other objective measure of a person’s health status and all pharmacodiagnostic tests.
Several studies evaluated interest of biomarkers in RA patients treated with biologics: 1- to optimize doses and frequency of drug administration; 2- to predict response to treatment; 3- to predict tolerance of biologics; 4- to monitor patient who stopped treatment and are in remission, and predict new RA flare.
Mots clés : suivi des biothérapies / biomarqueurs / polyarthrite rhumatoïde
Key words: biologics monitoring / biomarkers / rheumatoid arthritis
© 2011 Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique